Réduire les risques des projets pour maximiser les chances de succès

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- Le comportement humain face au risque
- La gestion du risque et son vocabulaire
- Sécurité versus sureté
- Définition du risque
- Danger, cible et situation dangereuse
- Facteurs de risque et facteurs de sécurité
- Notion de zone critique
- Le mécanisme du risque
- Notion de chaine causale
- De la chaine causale au diagramme papillon
- Calculer la probabilité du risque
Le comportement humain face au risque


Une partie des causes d’erreur vient du processus de décision. Dans le cas de la navette Challenger, la décision de lancement a été prise en l’absence d’un acteur détenant des informations cruciales qui auraient pu influencer la décision : l’ingénieur persuadé que les joints des boosters ne tiendraient pas n’était pas physiquement présent à la réunion. A Tchernobyl (accident nucléaire) la décision de procéder à un essai a été prise par des opérateurs en l’absence des responsables partis en weekend. Autre cause liée au processus de décision, le respect des règles au détriment de l’objectif. Lors du Crash du vol Rio-Paris, les pilotes se sont entêtés à appliquer à plusieurs reprises une procédure aberrante : faire cabrer l’avion alors que celui-ci était en sous-vitesse. La procédure a été modifiée depuis. Autre cas cité par Christian Morel, celui de deux navires (dont le Sea Star) qui faisaient route contraire, mais sans aucun risque de collision. La procédure aurai voulu qu’ils se croisent sur le bord inverse. Le commandant du Sea Star à décidé d’obliquer sa route pour croiser l’autre navire du bon coté. Il lui a coupé la route et l’accident s’est produit. Enfin, et c’est extrêmement fréquent, la non prise en compte des avis atypiques ou minoritaires. Croire que dans un groupe la majorité a forcément raison est une vue de l’esprit (le consensus est juste la moins mauvaise des solutions quand on doit décider en l’absence de certitudes). Dans les industries à risque les avis contraires à la décision majoritaire sont sollicités, discutés et consignés dans le compte-rendu de réunion.
Une autre partie des causes d’erreur vient du comportement de l’individu dans le groupe : très souvent, un subordonnés qui a un avis pertinent ne le donnera pas, soit par timidité, soit par peur de ne pas savoir argumenter, soit par peur d’être sanctionné s’il se trompe ou plus simplement parce qu’il surestime le « chef » censé tout savoir. Ajoutons à ceci que, subalternes ou pas, beaucoup de personnes sont réticentes à exprimer un avis hors de leur domaine d’expertise.

La gestion du risque et son vocabulaire

Sécurité versus sureté

Définition du risque

« Danger, inconvénient plus ou moins probable auquel on est exposé » (Larousse)
« Possibilité, probabilité d’un fait, d’un événement considéré comme un mal ou un dommage » (Larousse)
« Danger éventuel plus ou moins prévisible » (Robert)
« Éventualité d’un évènement qui peut causer un dommage » (Robert)
« Péril possible, hasard dangereux » (Académie française)
« Exposition à un danger potentiel, inhérent à une situation ou une activité » (Wikipédia)
« Danger éventuel, plus ou moins prévisible, inhérent à une situation ou à une activité » (TLFI)
Toutes ces définitions sont au mieux confuses et au pire erronées : Comme nous le verrons plus loin les mots « risque » et « danger » ne sont pas synonymes. La meilleure définition est celle du dictionnaire juridique en ligne : « Le risque est un événement dont l’arrivée aléatoire est susceptible de causer un dommage ».

Danger, cible et situation dangereuse


Facteurs de risque et facteurs de sécurité



Notion de zone critique

Le mécanisme du risque

Notion de chaine causale

De la chaine causale au diagramme papillon

Calculer la probabilité du risque

- Les trois domaines de la gestion des risques
- Risque, aléa et imprévu
- Risque stratégique et risque opérationnel
- Temporalité du risque et pilote du risque
- Le processus de gestion des risques projet
Les trois domaines de la gestion des risques

Risque, aléa et imprévu

Risque, aléa, imprévu… et Cygnes noirs !

Risque stratégique et risque opérationnel

– Le but du projet correspond à la situation-cible que le maître d’ouvrage souhaite voir de réaliser à terme grâce à la mise en œuvre du projet. Exemples : Conquérir en trois ans la moitié du marché sud-américain, réduire de moitié la mortalité infantile dans le district de Goyat en 5 ans, etc…
– L’objectif du projet correspond à la situation attendue à la date de clôture du projet, donc lorsque le produit sera réalisé. L’objectif est fixé par la maîtrise d’ouvrage et accepté par la maîtrise d’œuvre. Il doit être bien clair que le maître d’œuvre est responsable de l’atteinte de l’objectif, alors qu’il n’a aucune responsabilité quant à l’atteinte du but du projet. En cohérence avec les exemples proposés ci-dessus quant au but, voici deux exemples d’objectifs correspondant aux buts cités précedemment : Lancer un nouveau produit sur le marché sud-américain, Implanter un hôpital dans le district de Goyat.
Pour aider à la compréhension du paragraphe suivant ajoutons que le but est aussi appelé « objectif stratégique » et que dans ce cas l’objectif est appelé « objectif opérationnel »

On appelle risque opérationnel tout évènement susceptible de compromettre la réalisation de l’objectif opérationnel. En toute logique les risques opérationnels sont pris en compte par le maître d’œuvre (si la notion de maître d’œuvre vous est étrangère, voyez le paragraphe Maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre)
On appelle risque stratégique tout évènement qui compromettrait l’atteinte l’objectif stratégique (le but). Les risques stratégiques sont gérés par le maître d’ouvrage, mais celui-ci doit inscrire dans les spécifications techniques du besoin (STB) les exigences de nature à réduire les risques stratégiques (par exemple la redondance d’un composant critique, la scalabilité d’un logiciel…)
Prenons un exemple concret : La société A, prestataire de service auprès des arboriculteurs souhaite proposer un service innovant : la surveillance des vergers par drone. Le bureau d’études B accepte de fournir clé en main un drone adapté au besoin de la société A. Un document (spécification technique du besoin) précise à la fois les exigences de la société A et le protocole de tests qui permettra de vérifier que le drone est conforme aux exigences. Résumons : l’objectif commun à A et B est que le drone réalise toutes les fonctions spécifiées (par exemple transporter une charge de 5 Kg, avoir 2 heures d’autonomie, etc…). Le but de A est de séduire les …….. Pour lire la suite souscrivez un abonnement PREMIUM ou si vous êtes déjà abonné connectez-vous

Temporalité du risque et pilote du risque


Le processus de gestion des risques projet

- Les bénéfices d’une bonne préparation du projet
- Un chef de projet légitime et autonome
- Un planning directeur gravé dans le marbre
- Un planning opérationnel exhaustif
- Un budget détaillé et réaliste
- Des responsabilités clairement définies
- Une communication saine
- Un tableau de bord pertinent
- Des contrats « en béton »
Les bénéfices d’une bonne préparation du projet

Avant d’aller plus loin voyons ce schéma. La colonne de gauche correspond aux pertes monétaires entrainées par une gestion insuffisante (minimaliste) du projet. Nous reviendrons vers la fin de ce chapitre sur la façon de calculer ces pertes. La colonne du milieu montre le gain obtenu par une saine gestion du projet. La prise en compte et le traitement des risques n’interviennent qu’ensuite (colonne de droite) pour réduire encore les pertes.
Accessoirement, et si vos supérieurs hiérarchiques se satisfont d’une gestion minimaliste des projets et pensent que la gestion des risques est un luxe inutile, ce schéma pourra vous aider à leur montrer que ces actions sont génératrices de gains en monnaie sonnante et trébuchante.
Un chef de projet légitime et autonome

Un planning directeur gravé dans le marbre

Un planning opérationnel exhaustif

Un budget détaillé et réaliste

Des responsabilités clairement définies

Une communication saine

Un tableau de bord pertinent

Des contrats « en béton »

Un modèle de contrat vous est proposé au paragraphe Documents contractuels pour la gestion de projets
- L’exploitation du retour d’expérience
- L’analyse systémique des tâches du planning
- La recherche des zones critiques
- Le cas particulier des interfaces
- L’impact du risque sur l’objectif du projet
- Les caractéristiques du risque projet
- La fiche de risque
- Le registre des risques
L’exploitation du retour d’expérience

L’analyse systémique des tâches du planning

La recherche des zones critiques

Le cas particulier des interfaces
Restons encore un peu sur cette importante question des interfaces. Il est bien connu que les interfaces du système sont les points où naissent de nombreux problèmes, à tel point que de nombreux chefs de projet imposent à leurs collaborateurs de se munir de crayons de couleur (ou de surligneurs !) et de colorier, sur les plans et schémas, les interfaces des systèmes. Ne croyez pas pour autant que la question des interfaces ne concerne que les infrastructures technologiques, voici un exemple d’interface dans le domaine des logiciels : Une entreprise française de téléphonie avait préparé dans ses locaux parisiens les logiciels nécessaires au déploiement du réseau téléphonique d’un pays du continent africain. Deux équipes avaient travaillé, au même étage de l’immeuble, sur les deux « briques informatiques » qui constituaient le système. Chacun des deux sous-système avait été testé avec succès et le tout avait été livré aux équipes de terrain. Bien entendu le jour de la mise en service rien ne fonctionnait. Pourquoi ? l’un des deux sous-systèmes ne …….. Pour lire la suite souscrivez un abonnement PREMIUM ou si vous êtes déjà abonné connectez-vous
L’impact du risque sur l’objectif du projet

Les caractéristiques du risque projet

– Catégorie de risque : Il est rare que les dirigeants d’un organisme aient une vision réaliste des risques qui pénalisent leurs projets, et par là même des sources d’amélioration. L’expérience montre qu’ils sont plus guidés par des impressions, voire des croyances que par un constat objectif. Cette rubrique (catégorie) est destinée à permettre la réalisation d’analyses et de statistiques permettant de fournir aux managers des éléments factuels d’aide à la décision. Chaque risque appartient à une catégorie et une seule. Un retard appartient à la catégorie « Planning », le risque de contrefaire sans le savoir un dispositif breveté appartient à la catégorie « Juridique » et ainsi de suite. Bien entendu la liste proposée ici est donnée à titre d’exemple, tout est affaire de contexte.
– Pilote : Comme nous l’avons vu plus haut, chaque risque identifié et reconnu comme suffisamment significatif pour être suivi doit être pris en charge par un individu (et un seul) appelé « Pilote du risque ». En toute logique le pilote agit pendant les phases …….. Pour lire la suite souscrivez un abonnement PREMIUM ou si vous êtes déjà abonné connectez-vous
La fiche de risque

Le registre des risques
La totalité des fiches de risque du projet est regroupée dans le registre des risques. Bien entendu si le terme « registre » fait penser aux volumineux cahiers sur lesquels les comptables et officiers d’état civil portaient leurs écritures manuscrites, il faut aujourd’hui comprendre « registre » comme une feuille Excel ou une base de données relationnelle.
- Analyse qualitative versus analyse quantitative
- Indices de fréquence et de gravité
- Exemple d’échelles d’estimation
- La matrice de sévérité
- Indice de criticité de risque et seuil d’acceptabilité
- Le tableau récapitulatif des risques
- Justification du traitement des risques dans l’approche qualitative
- Domaines d’usage de l’approche qualitative
Analyse qualitative versus analyse quantitative

Indices de fréquence et de gravité

Évaluation de la fréquence :
L’indice de fréquence d’un risque est une valeur numérique qui est à son minimum (valeur 1) si le risque à très peu de chances de se réaliser et à son maximum si son apparition est considérée comme quasi-certaine. Ajoutons que l’indice de fréquence est également appelé « Fréquence », « Probabilité d’occurrence » ou « Occurrence » ou encore (bien que très rarement) « Index de vraisemblance ». Les expressions « Probabilité » et « Probabilité d’apparition » sont également utilisées, nous les réserverons quant à nous à l’analyse quantitative, objet de la prochaine leçon. L’indice de fréquence est un nombre sans dimension qui ne correspond à aucune réalité mesurable ou calculable. A l’inverse lorsque nous utiliserons le mot « probabilité » la signification sera celle de la théorie des probabilités.
Évaluation de la gravité du risque :
L’indice de gravité du risque quantifie l’importance des dommages redoutés. Là encore le vocabulaire est à géométrie variable, les expressions « Indice de gravité » et « Gravité » sont synonymes.
Exemple d’échelles d’estimation

Évaluation de la fréquence
Les familiers de l’AMDEC ( Analyse des modes de défaillance, de leurs effets et de leur criticité, méthode très utilisée pour la fiabilisation des systèmes techniques) seront surpris par les valeurs limites données sur les tableaux ci-contres et notamment celui du haut. Jusqu’à 50% et plus de probabilité d’apparition d’un risque. En matière de fiabilité des systèmes techniques, un taux de défaillances de 1% est déjà très important. Rappelons que nous sommes dans le domaine de la gestion de projets, dans lequel le taux d’échec dépasse les 30%. Par aileurs la plupart des risques envisagés dans les projets n’ont pas de conséquences sur l’intégrité physique des personnes.
Évaluation de la gravité du risque
L’échelle de gravité comporte également quatre niveaux, ce qui est largement assez compte tenu de la difficulté de l’estimation. La détermination de l’indice de gravité est un peu plus complexe que pour l’indice de fréquence car pour chaque risque identifié il faut envisager …….. Pour lire la suite souscrivez un abonnement PREMIUM ou si vous êtes déjà abonné connectez-vous
La matrice de sévérité

Deux méthodes sont employées pour hiérarchiser les risques : le classement par indice de criticité (paragraphe suivant) et la matrice de sévérité. Ce schéma représente une matrice de sévérité. L’outil est simple à établir et facile à comprendre. Chaque risque sera représenté par un point sur le graphique, son indice de fréquence étant porté sur l’axe vertical et son indice de gravité sur l’axe horizontal (ou l’inverse, c’est sans importance). La surface du graphe est divisée en trois ou quatre zones de couleur différente (ici 3 zones). Le travail de l’équipe de projet va alors consister à mettre en place des actions visant à ramener les risques les plus préoccupants (rouge) dans la zone d’acceptabilité (vert et jaune).
La matrice de sévérité est également appelée « Matrice de criticité » ou « Matrice des risques » ou encore « matrice de Farmer ».
Indice de criticité de risque et seuil d’acceptabilité

Chaque risque étant ainsi évalué, il est extrêmement facile de configurer un tableur de façon à pouvoir classer la totalité des risques par valeur de criticité décroissante. Il est d’usage de fixer une valeur limite de criticité. Les risques de criticité inférieure à ce seuil ne seront pas traités, ceux de valeur supérieure seront traités jusqu’à ramener leur valeur de criticité en deçà du seuil.
Le tableau récapitulatif des risques

L’exemple est extrait de l’AMDEC d’une installation de pisciculture, mais la structure du tableau convient pour les analyses des risques projet, en supprimant la colonne « Fonction »
Justification du traitement des risques dans l’approche qualitative

Domaines d’usage de l’approche qualitative
L’analyse qualitative des risques s’applique à de nombreux domaines :
– Les risques opérationnels du projet (rappelons qu’il s’agit des risques pouvant survenir pendant la mise en oeuvre du projet)
– Les risques stratégiques du projet (risques susceptibles de survenir lors de l’exploitation du résultat du projet. Cette exploitation peut de dérouler sur plusieurs dizaines d’années)
– La sureté de fonctionnement (SDF) du produit du projet lorsque ce résultat est un objet technique. Dans ce cas la méthode est appelée AMDEC pour « Analyse des Modes de Défaillance, de leurs Effets et de leur Criticité ».
- Principe de l’analyse quantitative des risques
- Petit détour dans le monde de l’assurance
- Estimer la probabilité du risque
- Estimer la perte potentielle
- Calculer l’exposition au risque
- Consolider l’exposition au risque au niveau du projet
- Justification du traitement des risques par l’approche quantitative
- Domaines d’usage de l’approche quantitative
Principe de l’analyse quantitative des risques
La leçon précédente traite de l’analyse qualitative. Cette démarche est très efficace et de nombreuses entreprises s’en satisfont. Cela dit, pour des entreprises qui ont une forte culture (ou une forte exigence) en matière de gestion du risque, s’en tenir à des indices (de fréquence, de gravité et de criticité) peut sembler insuffisant. Qu’à cela ne tienne, il est possible d’augmenter le niveau de réalisme avec l’analyse quantitative.

Petit détour dans le monde de l’assurance

– Un industriel souhaite assurer contre le risque incendie le site industriel (image du centre) dont il est propriétaire. Il consulte un assureur (image de droite)
– L’assureur demande à un expert de se rendre sur le site (image de gauche). Celui-ci a deux missions précises : estimer la valeur des biens à assurer (batiments, matériels et stocks) et identifier le type d’activité pratiquée. Dans notre exemple il estime à 20 000 000 € et a identifié la classe d’activité « Transformation de matières plastiques et de caoutchouc »
– L’assureur consulte les statistiques de la profession (la Tarification Analytique (TA) composée de 141 classes d’activités) et trouve pour la classe « Transformation de matières plastiques et de caoutchouc » un taux de base de 5°/°° (5 pour mille). Concrètement cela signifie que dans cette activité, sur 1000 établissements il y en a chaque année en moyenne 5 qui subissent un incendie.
– Partant de là, le calcul est simple :
(20 000 000 x5)/1000 = 100 000 €
Ces 100 000 € correspondent en assurance à la « prime pure » c’est en théorie ce que doit payer annuellement le client pour assurer son site contre l’incendie
– Bien entendu dans la réalité l’assureur n’en reste pas à cette valeur. Il prend en compte bien d’autres informations fournies par l’expert comme par exemple: présence ou pas d’une équipe d’incendie interne, interdiction de fumer ou pas, présence éventuelle d’activités agravantes, etc… Si vous souhaitez en savoir (beaucoup) plus sur ce sujet, voyez ce document pdf (220 pages)
– Les calculs que l’on fait dans l’approche quantitative sont basés sur la même logique à ceci près que la maîtrise d’oeuvre va être son propre assureur et intègrera au budget du projet des montants monétaires appelés « provisions » destinés à « couvrir » les risques. Nous y reviendrons un peu plus loin.
Estimer la probabilité du risque
Nous avons vu dans la leçon sur les fondamentaux de la gestion des risques la façon rigoureuse de calculer la probabilité d’un risque à partir de l’arbre de défaillance et des valeurs de probabilité de chacune des causes de ce risque. En gestion de projets, pas d’arbre de défaillance et pas de calcul complexe. Rappelons qu’en gestion des risques projet on ne joue pas avec la vie des individus. Que l’on manque le plus souvent de statistiques précises sur les évènements des projets passés. Et enfin que l’on ne recherche pas la précision. Les valeurs de probabilité que l’on manipule en gestion de projet (couramment de 0,05 à 0,6 sur le durée du projet) n’ont rien à voir avec celles que l’on rencontre en fiabiité des systèmes (par exemple pour une génératrice électrique bien entretenue, la probabilité de panne peut être de l’ordre de 0,002 par millier d’heures de fonctionnement). On n’est pas dans le même monde.
Donc en pratique on se contentera d’une estimation basée soit sur le retour d’expérience des projets antérieurs, soit sur l’intuition. En gestion de projets on ne cherche jamais la précision, il suffit de se tromper aussi souvent en plus qu’en moins !
Estimer la perte potentielle
Pour chaque risque identifié on va se poser la question suivante : si ce risque se manifeste, quelles en seront les conséquences économiques ? La réponse à cette question est rarement évidente : Quelles seront les conséquences économiques d’un piratage informatique, de la démission d’un collaborateur, du dépôt de bilan d’un sous-traitant ? impossible d’annoncer une valeur précise. La réponse à cette difficulté est la même que pour l’estimation de la probabilité. Inutile de chercher une impossible précision, on se contente de retenir une valeur médiane.
Si vous êtes frustré par une démarche intellectuelle aussi frustre, passez à la leçon suivante (L’approche probabiliste) vous y verrez qu’il est possible d’augmenter en réalisme en prenant en compte la fonction de répartition à laquelle répond le phénomène.
Calculer l’exposition au risque

Consolider l’exposition au risque au niveau du projet

Justification du traitement des risques par l’approche quantitative

Domaines d’usage de l’approche quantitative
Contrairement à l’approche qualitative qui est à spectre large, l’approche quantitative se limite aux risques opérationnels, ceux de la phase de mise en oeuvre du projet. Ceci pour une raison très simple : la valeur de probabilité d’un risque ne vaut que pour une tranche de temps bornée. Prenons un exemple simple : quelle est la probabilité que votre maison brûle ? Impossible de répondre à cette question si l’on ne précise pas la période considérée ; un mois, un an, un siècle ? Raison pour laquelle votre assureur calcule votre prime d’assurance annuelle à partir de la probabilité que votre maison brûle dans l’année. Dans le cas du projet la période de temps est bornée par les deux jalons » lancement du projet » et « clôture du projet »
- Approches qualitative, déterministe et probabiliste
- Approche probabiliste de la durée d’une tâche
- Estimation probabiliste de la durée du projet
- Estimation probabiliste du cout du projet
Approches qualitative, quantitative, déterministe et probabiliste

Approche probabiliste de la durée d’une tâche

L’approche habituelle de la planification est de type déterministe : On annonce pour chaque tâche une durée prévue, sans se poser la question de la fiabilité de cette prévision. Ceci alors que nous avons tous l’intuition que cette durée est entachée d’une plus ou moins grande dose d’incertitude. Si l’estimation du temps nécessaire pour peindre un plafond ou pour câbler un coffret électrique sont choses assez aisées, comment estimer le temps qu’il faut pour obtenir une autorisation administrative ou pour trouver l’association de composants ou d’algorithmes qui permettra d’atteindre le seuil de performance requis. Si l’on veut atteindre un bon niveau de réalisme dans les prévisions, ce qui est l’objet de ce chapitre, il faut intégrer la dimension probabiliste dans l’estimation des durées.
Ce schéma montre la loi de probabilité la plus souvent retenue pour l’estimation de la durée d’une tâche, la loi bêta. On détermine pour chaque tâche du planning non pas une mais trois valeurs de durée : la plus probable, une valeur optimiste et une valeur pessimiste. Les logiciels spécialisés proposent en général plusieurs profils d’incertitude : uniforme, triangulaire, loi béta… Il appartient au planificateur de choisir pour chaque tâche le profil le plus adapté et les valeurs des paramètres pour ce profil.
Estimation probabiliste de la durée du projet

Dans l’exemple il y a 50% de chances que le projet s’achève avant le 15/05/2002 et 80% de chances qu’il s’achève avant le 22/05/2002. Accessoirement, voila un moyen de faire comprendre aux dirigeants (et aux clients) que la pression sur les délais ne va pas sans une certaine prise de risque.
Estimation probabiliste du cout du projet

Voici pour finir cette leçon quelques logiciels de gestion des risques projet parmi les plus connus :
@RISK
Risky Project
- Les différentes stratégies de traitement des risques projet
- Transférer le risque
- Réduire le risque
- Préparer des scenarii alternatifs
- Réponses aux risques : vœux pieux versus réponses robustes
- Le plan de réponses au risque
Les différentes stratégies de traitement des risques projet
C’est une chose de repérer les risques et de les évaluer, mais si l’on fait tout ce travail c’est bien entendu dans le but de diminuer leur impact. C’est l’objet de cette leçon. Les réponses au risque peuvent être classées en six familles :
– Refuser le risque
En présence d’un risque important et que l’on ne saurait pas réduire (le plus souvent un risque externe) la réponse la plus radicale est d’abandonner le projet. Solution qui doit être adoptée en dernier ressort si aucune parade n’est possible. Bien entendu la décision de renoncer à un projet ou de l’arrêter appartient au niveau stratégique, le Chef de projet n’étant en l’espèce que force de proposition.
– Supprimer le risque
Ce n’est pas toujours possible mais on peut quelquefois supprimer purement et simplement un risque. C’est le cas par exemple si l’on décide, dans un projet d’innovation, d’utiliser un composant disponible « sur étagère » au lieu d’en développer un spécifique. Même chose en informatique : on peu choisir une solution du commerce et l’adapter plutôt que d’en développer une en partant de zéro.
– Transférer le risque
Il est plus facile que l’on ne le pense généralement de se débarrasser d’un risque en le faisant prendre par un autre acteur. Sous-traiter une tâche au forfait est une bonne façon de transférer le risque économique associé. Un autre cas classique est de faire appel à l’assurance (par exemple souscrire une assurance « Homme-clé »).
– Réduire le risque
Il y a à priori trois façons de réduire un risque identifié …….. Pour lire la suite souscrivez un abonnement PREMIUM ou si vous êtes déjà abonné connectez-vous
Transférer le risque

– Dans un contrat traditionnel La MOA est censée avoir défini son besoin et avoir accepté la solution qui lui était proposée. La mission de la MOE se borne à réaliser ce qui est décrit dans le recueil des exigences. Supposons que la solution livrée ne fonctionne pas. Si la MOE démontre qu’elle à correctement exécuté le contrat sa responsabilité n’est pas en cause. C’est le maitre d’ouvrage qui a mal défini son besoin, tant pis pour lui. Tout au plus le MOE pourra-t-il se voir reprocher un manquement à son obligation de conseil.
– Dans un contrat clé en main C’est la MOE qui définit la …….. Pour lire la suite souscrivez un abonnement PREMIUM ou si vous êtes déjà abonné connectez-vous
Réduire le risque

– Mesures de prévention
Les mesures de prévention visent à réduire la probabilité d’apparition du risque. Dans notre exemple l’interdiction de fumer est typiquement une mesure de prévention : Il y a statistiquement moins d’incendie dans les lieux non-fumeurs. Si vous n’y croyez pas demandez à votre assureur !
– Mesures de protection
A l’inverse les mesures de protection visent à limiter les conséquences (la gravité) du risque. Un extincteur n’a jamais empêché un incendie de prendre naissance, mais il permet de limiter l’étendue des dégâts. Attention, les mesures de protection agissent après la survenance du risque mais elles sont mises en place bien avant. Le jour ou il y a le feu, il est trop tard pour faire installer des extincteurs.

Préparer des scenarii alternatifs


Réponses aux risques : vœux pieux versus réponses robustes
Identifier les risques est une chose essentielle. Néanmoins cela ne sert à rien si les réponses apportées sont inefficaces. Or on constate le plus souvent que les réponses annoncées tiennent plus de l‘incantation que d’une action concrète et efficace. Le tableau qui suit est destiné à illustrer cette réalité. Le chef de projet consensuel, qui hésite à se montrer trop directif se contente de « vœux pieux » autrement dit d’instructions trop vagues pour constituer une réelle barrière à la survenue du risque. Le chef de projet énergique veille à apporter une réponse robuste à chaque risque.
Risque identifié | Réponse "vœu pieux" | Réponse robuste |
---|---|---|
Le support de données numériques devient inopérant (vol, dégradation, piratage, crash...) | Faire des sauvegardes régulières | Paul Dupont effectue tous les soirs une sauvegarde sur un disque SSD qu'il emmène avec lui |
La carte électronique du prototype est détruite accidentellement | Faire très attention lors des manipulations sur la carte | Réaliser deux cartes (N°1 et N°2) A chaque modification ou utilisation de la N°1 la N°2 reste dans l'état antérieur jusqu'à validation de la modification. Pilote de risque : Fred Laffont |
Le client ne fournit pas les données d'entrée à la date prévue. | Relancer le client | Le service juridique ajoute dans le contrat une clause prévoyant le paiement d'une indemnité de 1000 € par jour de retard |
Le composant critique X n'est pas livré à la date prévue. | Si cela se produit, menacer le fournisseur de ne plus travailler avec lui | Le directeur financier vérifie la santé du fournisseur pressenti. Le responsable qualité contrôle personnellement l'avancement de la commande suivant l'échéancier convenu par contrat |
Le plan de réponses au risque

Pour rappel voici la signification des symbôles :
F : Indice de fréquence (en gestion des risques le terme « fréquence » est considéré comme l’équivalent de « probabilité »)
G : Indice de gravité
C : Indice de criticite. Comme indiqué, C = F x G

– Si l’on ne traite pas les risques, il faut s’attendre à dépenser 3900 € de plus que les sommes strictement nécessaires à la réalisation des travaux. Ceci à cause des risques qui vont immanquablement se manifester. Bien entendu dans la réalité ce sera peut-être moins, peut-être plus, nous sommes dans le domaine de l’incertain.
– Si l’on applique les mesures de réduction des risques il nous en coutera 750 €. Là pas question de probabilité, c’est une dépense certaine.
– Du fait des mesures de réduction des risques, notre exposition au risque tombe à 1380 €, ce qui justifie les mesures prévues. Ces mesures préventives nous font économiser 3900 – 750 – 1380 = 1770 €. Economie virtuelle bien entendu, comme toujours en matière de probabilités, mais plus vos projets sont complexes et nombreux, plus la réalité se rapproche de la prévision.
– Dernier point : cette somme de 1770 € qui représente l’exposition aux risques résiduels (c’est à dire après traitement) est précisément celle que l’on inscrira au budget comme provision opérationnelle dans la leçon suivante.
- Le budget risques
- Les provisions
- Le financement du risque projet
- Le chef de projet et sa hiérarchie
Le budget risques.
La leçon précédente porte sur le traitement des risques. Il est bien évident que ce traitement coûte quasiment toujours de l’argent : contracter une assurance, choisir un fournisseur plus fiable, investir dans un stock de précaution ou dans un matériel de secours, cela implique des dépenses. Ce serait une erreur de noyer ces dépenses dans le coût des lots de travaux, mais une erreur encore plus grande de les financer sur les provisions (dont on va parler juste après). Pour une bonne gestion du projet elles doivent être regroupées dans un poste de dépenses réservé à la prévention des risques : le « Budget risques« . Notons que contrairement aux provisions, le budget risques a vocation à être entièrement dépensé.
Les provisions.
Le notion de provision est très simple à comprendre. Chacun sait qu’un projet ne se passe jamais comme prévu (même si l’on a effectué une analyse des risques et pris des mesures correctives), et qu’en général les surprises sont toujours de mauvaises surprises génératrices de surcout. Il est donc naturel d’intégrer au budget du projet une somme destinée à financer les surprises désagréables. C’est cette somme que l’on appelle « provision ». Partant de là deux questions se posent : « comment fait-on pour calculer une provision ? » et « Qui est autorisé à dépenser la provision et suivant quelles règles ? »

La provision pour risques résiduels (ou provision opérationnelle)
Que l’on ait procédé ou pas à une analyse de risque, il est indispensable de constituer une provision opérationnelle. Bien entendu le calcul de la provision se fera sur des bases différentes dans l’un ou l’autre cas.
– Cas N°1 : On a procédé à une analyse quantitative des risques
Nous avons vu précédemment que le document de sortie de l’analyse quantitative, le plan de réponses aux risques, fournit la valeur monétaire d’exposition au …….. Pour lire la suite souscrivez un abonnement PREMIUM ou si vous êtes déjà abonné connectez-vous
Le financement du risque projet
Quelques rappels sur les responsabilités dans les projets

Le premier à agir est le maître d’ouvrage, qui doit faire l’analyse des risques dits stratégiques, ceux qui surviendront (ou pas) en phase d’exploitation. Il doit décider des réponses à apporter à ces risques. Une bonne partie de ces réponses impactent la conception du produit et par conséquence en augmentent le coût. Le document « Spécification technique du besoin » (STB) doit explicitement faire état des exigences du maître d’ouvrage en matière de réponses aux risques stratégiques. Par exemple un industriel souhaitant faire construire une salle informatique demandera que celle-ci soit protégée par un dispositif automatique d’extinction des incendies, quand bien même la règlementation ne l’exige pas.
Vient ensuite le maître d’œuvre, en charge de la réalisation du projet. Ce n’est pas à lui de supporter les risques stratégiques, tout au plus va-t-il donner gratuitement des conseils au maître d’ouvrage si celui-ci lui parait par trop inconséquent. Par contre il lui appartient de faire sa propre étude de risque (risques opérationnels) de façon que le projet ne tourne pas à la Bérézina ! C’est lui qui va décider quels risques il choisit de traiter et quelles réponses il envisage pour les réduire. Bien entendu il assumera seul le coût des réponses et le coût induit par les problèmes rencontrés. A lui d’intégrer ces dépenses dans le budget qu’il va soumettre à son client (ceci vaut que le client soit une entité tierce ou un client interne)
La prise en compte des risques dans le budget du projet

La colonne de droite, en jaune, représente verticalement les quatre éléments constitutifs du budget du projet.
L’essentiel des dépenses du projet est générée par les travaux nécessaires pour l’obtention du résultat du projet, autrement dit par la concrétisation des exigences du client (le maître d’ouvrage). Ces exigences incluent, comme on vient de le voir, les actions de réduction des risques stratégiques demandées par la maîtrise d’ouvrage (rectangles bleus sur le schéma).
Le maître d’œuvre procède à l’analyse des risques opérationnels et décide des réponses qu’il va apporter à ces risques. La dépense induite par ces réponses est inscrite au budget du projet au titre de « budget risques« . Beaucoup d’entreprises négligent d’isoler cette somme, qui se trouve ainsi dispersée dans la CBS. C’est regrettable car cela nuit à la qualité de l’étude « post mortem » du projet (le retour d’expérience)
A l’occasion de l’analyse de risques notre maître d’œuvre a calculé le montant de la provision opérationnelle, nous ne revenons pas sur les modalités de ce callcul, détaillées précédemment. Cette provision couvre la partie non traitée des risques (risques résiduels).
De même le maître d’œuvre, sachant que surviendront immanquablement des évènements imprévus, ajoute au budget une provision pour aléas et imprévus, généralement calculée en pourcentage du coût sec du projet (CBS).
Exemple

– Le futur produit intègre une carte électronique dont le coût de revient estimé est de 20 €. La carte prototype, fabriquée artisanalement coûte beaucoup plus cher : 5 000 €.
– Le groupe de travail chargé de l’analyse des risques a estimé que si cette carte est détruite lors des essais la perte sera de 20 000 €. On décide donc d’acheter une deuxième carte en secours, elle aussi au prix de 5 000 €.
– Le projet se déroule. Manque de chance un opérateur particulièrement maladroit détruit successivement les deux cartes. Les conséquences se chiffrent à 20 000 € : une troisième carte commandée dans l’urgence, le retard pris, les travaux supplémentaires….
– Toujours pendant le déroulement du projet on apprend qu’un décret concernant la compatibilité électromagnétique (CEM) vient d’être publié. Ce décret renforce les exigences règlementaires. Il va falloir développer un dispositif supplémentaire. Le surcoût est de 10000€
Voyons à quels postes de dépense sont affectées les quatre dépenses successives : 5 000 €, 5 000 €, 20 000 € et enfin 10 000 €.
(1) La dépense pour la carte électronique destinée au prototype et dont le coût est de 5 000 € est inscrite dans la CBS. C’est une dépense normale.
(2) La deuxième carte a vocation à ne jamais servir. Cette dépense, qui est une forme d’auto-assurance, est portée au budget risque.
(3) Le surcoût de 20 000 € est quant à lui pris sur la provision opérationnelle.
(4) Le dépense de 10 000 € n’a pas a être imputée sur la provision opérationnelle puisque le dispositif supplémentaire ne figurait pas dans le périmètre du projet. Le chef de projet n’a pas à supporter des dépenses portant sur un livrable qui ne lui était pas demandé. Les 10 000 € seront pris sur la provision pour aléas et imprévus. Attention toutefois à ne pas prélever sur cette provision des dépenses correspondant à des demandes du client hors du contrat initial. Ces demandes doivent faire l’objet d’un avenant et donnent lieu à des frais supplémentaires (quelquefois exhorbitants, mais c’est une autre histoire !)
Le chef de projet et sa hiérarchie

– La somme que le Chef de projet est autorisé à dépenser correspond sur le schéma au « BIPO ». Le BIPO (budget initial prévisionnel de l’opération) est obtenu en ajoutant au cout sec trois postes de dépenses : Les dépenses de gestion du projet (qui englobent la totalité des frais engagés pour planifier et piloter le projet : heures de travail du chef de projet et de ses assistants, réunions, déplacements, etc…), le budget risques dont nous avons parlé plus haut et la provision opérationnelle. Le Chef de projet est donc responsablisé uniquement sur des données dont il a objectivement la maîtrise, puisqu’on exclue toute tâche qui ne serait pas dans le périmètre du projet.
– La hiérarchie du Chef de projet dispose quant à elle de la provision pour aléas et imprévus de façon à financer les dépenses hors périmètre et les aléas majeurs. Le total des dépenses est appelé « Budget de référence« .
- Monitoring du risque et pilotes de risque
- La consommation de la provision
Monitoring du risque et pilotes de risque
Le chef de projet doit, avant le lancement du projet, désigner les « pilotes de risque« . Autrement dit les individus, pris dans l’équipe de projet, qui auront chacun en charge un ou plusieurs risques. Charge à chacun des pilotes de mettre en place les mesures prévues et d’appliquer les décisions prises. Cette mise sous contrôle est généralement appelée « monitoring » des risques.
La consommation de la provision opérationnelle

- Capitaliser les risques
- Le diagramme de Pareto
- La métaphore de l’emmental
- Les 5 niveaux de maturité en gestion des risques
Capitaliser les risques
Capitaliser les risques c’est procéder, en fin de projet, à un bilan complet dont voici le détail :
Analyser le projet
– Quels risques sont survenus, quel impact ?
– Quels facteurs de risque ont été déterminants
Préconiser des améliorations
– Modification des documents-type (plannings, contrats….)
– Modifications de l’organisation, des procédures
Mettre à jour
– le catalogue des risques
– La liste type des facteurs de risque
Quelques conseils :
– Le retour d’expérience doit être informatisé (base de données)
– Mettre en place un dispositif de recherche de type analogique dans la base de données
– Éviter la re-saisie d’informations déjà numérisées (retards, surcouts, problèmes, bugs…)
Modèle de catalogue des risques :
Catalogue des risques | |||
---|---|---|---|
Projet | Risque | Causes origine et facteurs déclenchants/aggravants | Impact sur les objectifs du projet |
Projet 0675 Palinodie | Fiche R3205 Le client tarde à prononcer la recette | Absence d’interlocuteur technique MOA | Projet 315 livré avec 3 semaines de retard. Surcout 6000 € |
Projet 0055 Symphonie | Fiche R1233 Le LNE refuse l’homologation du prototype | Spécifications non respectées. Nous n’avons pas en interne de moyens de test colorimétrique | Projet 367 livré avec trois mois de retard et surcout 12000 € |
Projet 1267 Mécano | Fiche R0897 Le directeur Marketing refuse de déclencher l’étude de marché | Surcharge de travail au Marketing. Absence d’instance d’arbitrage. Portefeuille de projets non géré. | Projet 388 abandonné. 25000 € dépensés en pure perte. |
Le diagramme de Pareto

La métaphore de l’emmental
Reprenons ce lieu commun : « le risque zéro n’existe pas ». S’il traduit souvent une attitude fataliste c’est tout de même une réalité à prendre en compte. Le risque zéro n’existe pas mais notre rôle est de s’en approcher. On a vu dans ce chapitre qu’une démarche rigoureuse permet de réduire considérablement l’exposition au risque. Cette démarche consiste, on l’a vu, à mettre en place des obstacles s’opposant à la manifestations des risques. Cette façon de mettre en place des barrières a donné l’idée à James Reason du schéma ci-contre : le « swiss cheese model ». La symbolique est la suivante : pour contenir les risques on multiplie les défenses (représentées par les plaques). Quant aux trous, ils représentent les défaillances (erreurs, oublis, défauts, manques, comportements à risque, violation des règles, carences de l’organisation…). Plus il y a de plaques et moins il y a de trous dans les plaques, plus le projet est « robuste ».
Les 5 niveaux de maturité en gestion des risques
Puisque vous avez lu ce chapitre jusqu’à la fin peut-être avez-vous l’intention de faire progresser votre équipe dans le sens d’une meilleure prise en compte des risques. Voici sur ce dernier schéma le parcours en cinq niveaux qui va vous mener à l’excellence. Ce paragraphe est très fortement inspiré du modèle du CMMI (Capability Maturity Model Integration).
– Niveau 1 : Pathologique. C’est le niveau de de départ de beaucoup d’organismes. Le dirigeant est dans le déni complet : « A quoi bon perdre du temps à gérer les risques » La meilleure approche consiste à lui montrer que la gestion du risque va l’aider a atteindre plus vite ses objectifs pour un coût inférieur. S’il n’est pas sensible à cet argument c’est à désespérer.
– Niveau 2 : Réactif. Dans beaucoup de structures l’attitude reste passive, on ne réfléchit pas aux risques qui pourraient survenir. Mais par contre lorsqu’un risque survient on met en place, ponctuellement, la consigne qui permettra de ne pas le voir se reproduire. « Nous prenons le risque au sérieux et nous réagissons aux incidents ». Ne croyez-vous pas que c’est sur ce mode que fonctionnent la plupart de nos responsables politiques ?
– Niveau 3 : Bureaucratique. Le degré suivant consiste à construire un système cohérent de gestion du risque. « Nous avons des systèmes de management en place pour prévenir les risques » Mais bien souvent ce système de management est vécu négativement comme l’ajout de contraintes supplémentaires.
– Niveau 4 : Proactif. C’est à ce niveau que l’on entre enfin dans une attitude d’anticipation : « Nous sommes toujours en alerte, nous avons à l’esprit les problèmes qui pourraient survenir » Les acteurs des projets ne subissent plus les procédures mais contribuent à les faire évoluer positivement.
– Niveau 5 : Génératif. Nous voici enfin dans l’excellence : « La gestion du risque fait partie intégrante de tout ce que nous entreprenons » La prise en compte du risque est un réflexe acquis. C’est désormais dans les gènes de l’organisme. Ne croyez pas que cet objectif est inatteignable : de nombreux métiers fonctionnent dans ce registre, notamment le secteur aéronautique.
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Quelques précisions sur ce test sur la gestion des risques des projets
– La participation à ce test est totalement libre : pas besoin de laisser vos coordonnées, elles ne vous seront pas demandées. La bonne réponse à une question ainsi que des explications supplémentaires vous seront fournies avant que vous ne décidiez de passer à la question suivante.
– Vous devez répondre à 10 questions. Chaque bonne réponse vaut 1 point. A la fin du test, vous aurez votre note sur 10 ainsi que notre commentaire.
Voici quelques-uns des thèmes abordés dans les différentes questions :
– Aléa – Approche qualitative – Approche quantitative – Approche probabiliste – Arbre de défaillance – Budget risques – Catalogue des risques – Catégorie de risque – Chaine causale – Cible – Criticité – Cygne noir – Danger – Défaillance – Diagramme de Pareto – Diagramme papillon – Dommage – Evaluation des risques – Exposition au risque – Facteur de risque – Facteur de sécurité – Fiabilité – Fiche de risque – Financement des risques – Identification des risques – Impact d’un risque – Imprévu – Indice de criticité – Indice de fréquence – Indice de gravité – Menace – Matrice de sévérité – Modèle de Reason – Noeud papillon – Pilote de risque – Plan de contingence – Plan de mitigation – Plan de réponse aux risques – Point critique – Prévention – Probabilité – Problème – Protection – Provision stratégique – Provision opérationnelle – Redondance – Réduction des risques – Registre des risques – Risque – Temporalité du risque – Vulnérabilité – Zone critique –
Michel Estève me semble très convaincant dans la manière d’aborder le sujet sur les risques
Je suis satisfait
Merci pour ce compliment qui me va droit au cœur. Cela m’encourage à enrichir le site encore et encore.
Intéressant ce test, j’ai aimé.
Bonsoir Monsieur Michel
Je vous félicite pour ce travail formidable en matière de gestion de projet. Votre travail a rendu mes études en gestion de projet beaucoup plus facile.
J’ai fait ce site à destination de mes propres étudiants en gestion de projet. Heureux qu’il serve à beaucoup d’autres, dont vous-même. Merci pour ce retour.
votre formule me parait très intéressante cher pro. mais je voulais toute fois vous demandez si, malgré les 50 euros dépensés pour la protection de mon vélo il arrive a volé, quel est maintenant mon nouveau statut ou encore l’autre formule du rachat?
Bonjour Joseph
Pouvez-vous m’en dire plus : qu’entendez-vous par « autre formule de rachat », et à quoi avez-vous consacré vos 50 € de prévention : un antivol, une assurance…
Bonjour Michel,
Tout d’abord merci pour votre formidable travail qui m’aide beaucoup dans mes débuts de gestion de projet.
J’aurai une question concernant la partie « analyse quantitative déterministe ». Je ne suis pas sûr de bien comprendre à quoi fait référence le terme d’ « exposition au risque » qui se distingue de la « perte potentielle ». Est-ce la somme que l’on devra engager ? Je ne comprend l’intérêt de cet indice.
En vous remerciant pour votre implication !
Bonjour Laurie
C’est très simple.
Mettons que chaque fois que je gare mon vélo en ville j’ai une chance sur 100 de me le faire voler. Mon vélo vaut 1000 euros.
La perte potentielle est de 1000 euros (c’est ce que je vais payer pour en acheter un autre si le mien est volé)
L’exposition au risque est de (1000×1)/100 soit 10 euros chaque fois que je vais en ville
Si je vais 20 fois en ville dans l’année, mon exposition au risque est de 20 x 10 = 200 euro par an
L’intérêt de ce calcul est notamment de justifier les mesures de prévention
Par exemple si je paie 50 euro par an pour assurer mon vélo contre le vol je suis gagnant
Voir illustration
https://methodo-projet.fr/wp-content/uploads/2017/12/IMG_PPT_0272.jpg
Cordialement
Le sociologue Français Christian Morel a étudié de nombreux échecs aux conséquences quelquefois dramatiques (notamment les accidents des navettes spatiales américaines). Il a découvert un phénomène surprenant, lequel ?
Le sociologue Français Christian Morel a mis en évidence les mécanismes par lesquels des groupes d’individus rationnels, éduqués, intelligents, sérieux et dévoués arrivent à prendre des décisions absurdes.
Oui mais en partie parce qu’ils subissent des pressions du gouvernements : (Spoutnik 2 : https://www.youtube.com/watch?v=d2SIEnjqdIg )
Bonjour Alexis
Bien entendu dans le cas particulier du domaine spatial la pression des politiques est un facteur déterminant. Il n’en reste pas moins que le type de comportement décrit par Christian Morel se constate dans toutes les formes d’organisation sans qu’il y ait forcément besoin de la pression de l’autorité pour que cela dysfonctionne.
Cela dit j’aime beaucoup moi aussi les vidéos d’AstronoGeek !
Site très bien fait, information très pertinente, rigoureuse et pro du risque, bravo
Merci Denis pour ce commentaire élogieux.
Il est vrai que j’ai pratiqué très tôt la gestion des risques dans ma carrière, et que ce domaine me passionne.
Il est vrai aussi que les ressources documentaires sur la gestion des risques sont rares en librairie et assez dispersées sur le net. La plupart des blogs qui abordent ce sujet font l’impasse sur l’analyse quantitative et les aspects économiques.
Michel